Facebook a officialisé le lancement de sa cryptomonnaie Libra pour 2020. Utilisable sur toutes les applications Facebook et partout dans le monde, la devise permettra d’acheter des produits et services, et ne pas uniquement faire l’objet de spéculations à l’instar du bitcoin, qui souffre de fluctuations pas vraiment rassurantes.
https://www.youtube.com/watch?v=MKkJ6UzAVLM&feature=youtu.be
Cryptomonnaie et blockchain :
La monnaie virtuelle (non palpable) cryptée vise à créer de la confiance entre 2 tiers qui ne se connaissent pas, sans passer par l’intermédiaire des banques, notaires… Les transactions s’appuient sur le principe de la blockchain : une énorme base de données contrôlée par ses utilisateurs qui vont valider/vérifier les transactions avec leur signature, sans organe central de contrôle, pour éviter triche et vol. La confiance et la sécurité reposent sur la transparence et la traçabilité des données. Plusieurs centaines de cryptomonnaies existent déjà : Bitcoin, Ethereum, Ripple, Litecoin, Neo, Dash… Les premières devises transnationales émises par des multinationales.
Les atouts de Libra
La monnaie Libra sera accessible via un portefeuille baptisé Calibra qui sera intégré aux applications Facebook, Messenger, Whatsapp et Instagram. Libra permettra plusieurs usages :
- Déposer ou retirer de l’argent en quelques clics
- Envoyer des sommes d’argent à des proches
- Payer sa facture en appuyant sur un bouton
- Acheter un produit en scannant un code
- Prendre les transports en commun sans avoir besoin de carte de transport
Et la protection des données dans tout ça ?
Facebook jure (sur la Biblibra !) qu’il n’aura pas accès à notre portefeuille et ne saura pas combien de Libra nous possédons (sauf contrôle exigé par la justice du pays).
En quoi cela va-t-il influencer notre pratique des réseaux sociaux ?
Le lancement de Libra est avant tout une réponse à la messagerie chinoise WeChat devenue, en 4 ans, un acteur mondial majeur du paiement. En Chine, le paiement mobile via WeChat a complètement remplacé l’usage de la CB.
Lorsqu’un immense pays (2.6 milliard d’utilisateurs) lance une monnaie, il capte l’attention (la valeur du Bitcoin a d’ailleurs décollé à l’annonce du lancement de Libra). Si 1% des usagers Facebook l’utilise, cela représentera 26 millions d’utilisateurs (plus d’un tiers de la population française !). Raison pour laquelle, les partenaires se bousculent pour faire partie de l’aventure (MasterCard, PayPal, E-Bay, Farfetch, Spotify, Uber, Iliad, Vodafone…).
La première devise transnationale émise par une multinationale marque un virage clé de la stratégie de Facebook. Les objectifs sont nombreux :
- Se diversifier (98% des revenus de Facebook proviennent de la publicité en ligne)
- Accélérer dans le shopping mobile et le paiement en ligne
- Permettre aux utilisateurs de multiplier les transactions
- Renforcer le sentiment d’appartenance à la communauté (la monnaie : vecteur de lien social)
L’enjeu est également de soutenir le projet Whatsabook cher à Mark Zuckerberg. La fusion des messageries Whatsapp, Instagram et Facebook tout en gardant chaque réseau social indépendant dans son usage. Ils seront, au départ, plusieurs canaux du transfert d’argent. Et ce sont les usagers qui finiront par réclamer la fusion. Les choix stratégiques d’un tel écosystème se justifient souvent économiquement.
Un autre enjeu est d’ailleurs de doper toujours plus la publicité en ligne. La stratégie social média d’une entreprise (petite ou grande) passe de plus en plus par les investissements publicitaires sur les plateformes Facebook, Instagram, Messenger. Les annonces shopping vont donc continuer à fleurir et certainement tendre vers des offres avantageuses sous condition de paiement en Libra.
Au-delà, du paiement facilité, Facebook vise évidemment les services financiers associés. De nouveaux métiers pourraient voir le jour et en partie uberiser la finance (dépôts, placements financiers, crédits), l’assurance… Mais Facebook devra dans ce cas se plier aux règles des banques centrales comme la sécurité absolue des transactions. A ce titre, la Banque de France a déjà mis en place un groupe de travail sur les cryptomonnaies dans le cadre du G7.
Par exemple, il est incontournable d’appliquer la règlementation anti-blanchiment. Or les risques seront accrus puisque les utilisateurs pourront agir sous pseudonyme.
Les annonces de Facebook ne manquent pas d’ambition, mais est-ce vraiment le bon timing dans une période de forts doutes vis-à-vis de la protection des données personnelles ?
Utiliseriez-vous Libra dans les 6 prochains mois ?
Si 10 de vos proches l’utilisent, y céderez-vous ?
Si cela vous permet de gagner du temps ? Eviter des frais bancaires ? Faire des économies ?
Et le paiement en ligne ? Vous étiez favorable à l’origine ? Les virements électroniques ? Le paiement sans contact ?